Je
pouvais difficilement choisir un autre texte que celui d'Alain Reyniers qui nous apporte par
son regard sur le monde les vérités les plus profondes que personne n'a vraiment
chercher à connaître, il est tellement plus facile de se baser sur des
préjugès.
Des femmes mendiantes, assises à même
le trottoir, des enfants déguenillés qui courent en ribambelles sur un terrain
vague ; des groupes d'hommes qui attendent on ne sait quoi... Des images, trop
souvent les mêmes, qui se répètent au fil des ans et auxquelles se limite, pour
le plus grand nombre, la connaissance des Tsiganes. Les gens les voient nomades,
soupçonnés des larcins qui se commettent sur leur passage. Ils leur prêtent une
passion violente pour la liberté et le voyage : Les Tsiganes sont - dit-on-
libres comme le vent ou un cheval sauvage. Autant les exagérations qui
contribuent à l'entretien d'une vision mythique, tantôt excessivement favorable,
tantôt réprobatrice, voire franchement hostile.
Rares sont ceux qui
parviennent à se faire à propos des Tsiganes une opinion un tant soit peu
dégagée des préjugés. Ces derniers, il est vrai, sont anciens et bien ancrés
dans la mémoire collective. Et puis, les Tsiganes s'y sont eux-mêmes pliés,
jouant dans leur sens ou contre eux, selon les occasions du moment.
La
perception de la société tsigane en a beaucoup souffert. On la croit homogène
alors qu'elle est composée de groupes divers dont les membres vivent eux-mêmes
des existences fort variables (le nomadisme ou la sédentarisation, l'aisance ou
le dénuement, la marginalité ou l'intégration). Et pourtant, il est vrai, malgré
leur dispersion à l'échelle de la planète, les Tsiganes maintiennent des traits
qui les rapprochent les uns des autres.
Alain Reyniers
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